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« Il n y a plus rien à visiter chez nous, tout a été détruit par la guerre 14-18… »
Telle est la phrase tant de fois entendue, tant de fois répétée par les habitants de la Montagne de Reims eux-mêmes.
Partant de ce constat que la guerre 14-18 est réputée avoir détruit l’identité territoriale, le Parc naturel régional de la Montagne de Reims (PNRMR) s’est associé à la Compagnie du Diable à 4 pattes pour la célébration du centenaire. Ensemble, ils ont réfléchi à la mise en place d’un dispositif d’actions culturelles qui permettrait de dynamiser le lien entre les populations et le territoire. C’est ainsi qu’est née la résidence « Par les Communes » qui durera cinq années, de 2013 à 2018.
Au cours de cette période, le PNRMR met en place des actions culturelles et théâtrales déployées sur son territoire par la compagnie dont les différentes formes seront présentées dans plusieurs communes.
Nos objectifs :
En 2018 les soixante-huit communes du PNRMR auront participé à l’une ou l’autre des manifestations organisées.
Première rencontre à Louvois entre le Diable et les habitants…
Le Parc de la Montagne de Reims et les communes qui le composent sont le théâtre d’un projet culturel innovant. Depuis 2013, des spectacles originaux sont écrits pour les habitants et joués par ceux-ci. Le premier bilan est encourageant.
La pièce Les Ténébreuses machinations des orphelins Moutard
a réuni 140 acteurs issus de neuf communes. (© Antoine Éloi)
Commémorer le Centenaire de la guerre de 14-18, ça n’est pas seulement évoquer les conflits militaires ou le nombre de soldats tués au combat, c’est aussi parler du quotidien des populations. Pour réaliser ce travail de mémoire, le Parc naturel régional de la Montagne de Reims a misé sur un grand projet d’actions culturelles d’une durée de cinq ans, de 2013 à 2018, en engageant la compagnie du Diable à 4 Pattes. Baptisé « Par les communes », il consiste à déployer des actions culturelles et théâtrales sur les 68 villages du territoire, avec, notamment des pièces jouées par les habitants.
Le travail a débuté en 2013, à Louvois. Au départ, le groupe réuni autour des professionnels du spectacle de la compagnie du Diable à 4 Pattes était plutôt restreint. Et puis, au fil des appels lancés par la commune, des recherches historiques et des ateliers théâtre, les habitants se sont peu à peu greffés au projet. « On commence souvent à 4 ou 5 et on finit à 50 ou 60, révèle Élodie Cotin, directrice artistique de la compagnie. C’est un long travail de séduction auprès des habitants qui se prennent petit à petit au jeu. Il a d’abord fallu réaliser un travail de collecte de souvenirs, réalisé par les habitants. Nous avons ensuite engagé un auteur afin de réaliser des cahiers de mémoire, qui nous ont servi à écrire des pièces de théâtre. Notre auteur a ainsi pu écrire des rôles sur-mesure par rapport aux habitants qui endossent leurs propres histoires, leurs propres souvenirs. » Au final, « Le Jour de la nuit » a pris la forme d’une déambulation dans les rues de Louvois, rassemblant une soixantaine d’acteurs et 500 spectateurs.
Le résultat le plus spectaculaire est sans doute « Les ténébreuses machinations des orphelins Moutard », la pièce créée à Rilly-la-Montagne qui raconte l’histoire de deux orphelins de guerre, en 1915. Au final, 140 habitants, âgés de 4 à 86 ans, issus de neuf communes sont montés sur scène pour donner vie à cette création originale. « Au départ, le thème semble extrêmement lointain, détaille Élodie Cotin. Et puis, les gens se passionnent pour l’histoire de leur commune, des relations sociales, des costumes de l’époque… Ce qui est passionnant, c’est de voir les gens se plonger dans leur passé, de collecter des souvenirs, de s’essayer au théâtre et de rencontrer des habitants des communes voisines. On a vraiment l’impression d’avoir fait un travail très profond, qui n’est pas encore terminé. »
Chaque année, une grande pièce participative a vu et verra le jour jusqu’en 2018, en même temps qu’une pièce purement professionnelle, interprétée par les membres du Diable à 4 Pattes. Le succès est souvent au rendez-vous et des communes étrangères au Parc de la Montagne de Reims ont elles aussi réclamé leurs spectacles, comme Rosnay, Courcelles-Sapicourt et Branscourt. Pour marquer le coup et la fin du Centenaire, un important festival, dont les modalités restent à définir, sera organisé en 2018. Un projet qui montre que l’histoire de la guerre, abordée sous un angle culturel, séduit encore les citoyens.
Simon Ksiazenicki
Vidéo(s) : Charles Thiebault
Voir aussi : Avec les communes ∗ Les petits historiques foutraques…