Paragraphe
Jeannine, Édith et Edwige sont les trois sœurs propriétaires d’un café-restaurant hérité de leur mère, restaurant qu’elles tiennent de trois mains plus ou moins fermes. Ana, Manon et Stéphanie sont trois habituées ; Manon et Stéphanie forment un couple tandis qu’Ana est une hétérosexuelle qui tombe enceinte comme elle respire, c’est-à-dire, le plus souvent, sans s’en rendre compte. Enfin, Jean-Claude et Bernard sont deux margoulins, le premier se faisant passer pour un moine bouddhiste et tentant, avec l’aide de son homme de main Bernard, de dépouiller les trois sœurs de leur restaurant en influençant Jeannine, la plus spirituelle des trois.
Cette farce, première d’une série qui mettra en scène les mêmes personnages affrontant les situations farfelues engendrées par Jeannine, est destinée à être jouée dans les cafés et les restaurants qui voudront bien nous accueillir…
Vidéo(s) : Élodie Cotin
Bernard. –
Je vous jure, patron, ça me fait drôle de vous voir sapé comme ça. Je n’arrive pas à m’habituer. On dirait un peignoir des Ponts-et-Chaussées.
Jean-Claude. –
Quoi ?
Bernard. –
Je dis que ça me fait drôle de vous voir en peignoir…
Jean-Claude. –
Hein ? Quoi ?
Bernard. –
Ce que je veux vous dire, patron, c’est que vous faites ce que vous voulez, mais que moi, m’habiller comme ça, faut pas compter sur moi.
Jean-Claude. –
Mais qu’est-ce tu racontes ?
Bernard. –
Je suis prêt à faire plein de trucs, patron, hein, vous ne pouvez pas dire, et des trucs moches même, s’il faut. Tiens, tenez, comme quand j’ai dissous les arpions de Dédé-la-Moules-Frites dans de l’acide sulfurique parce qu’il vous avait manqué de respect. Ce n’était pas une partie de plaisir, ça, il gueulait, l’asticot, un vrai bonheur, mais j’ai rien dit, j’ai obéi, j’ai fait mon travail, non ? Hein ? Vous ne pouvez pas dire. Mais là, patron, là, non, vraiment, là je ne peux pas, je suis désolé. Moi, on est catholiques. Catholiques-catholiques, si vous voyez ce que je veux dire. Catholiques, quoi. Donc, on ne plaisante pas avec ça. La religion, c’est… c’est… c’est trop sacré, tenez, voilà. Alors que vous, vous, euh, en Bouddha, euh, bon, tout ça très bien, c’est votre affaire, moi, je ne discute pas, des goûts et des couleurs, il en faut pour tout le monde, ça va, ça vient, ça change, catholiques, on est tolérants, mais là, euh, moi, non. Non, non, ah ben non. Non, non, ça c’est non. Non.
Jean-Claude. –
Mais qu’est-ce que tu me racontes, espèce de couillon ? Je t’ai déjà expliqué dix fois !
Bernard. –
Oui, oui, le bol de riz, tout ça, j’ai bien compris, patron, il n’y a pas de souci, mais ce n’est pas ça, mais…
Jean-Claude. –
Bol de riz, bol de riz, mais je vais t’en fiche, moi, des bols de riz ! C’est une arnaque, je t’ai déjà dit, une arnaque. Tu m’imagines, moi, toute ma vie, chauve comme un caillou, déguisé en fromage hollandais, en train de manger du riz complet dans une cabane en bois avec des gens qui font « Mmmmmmmmmm » toute la journée en gardant les yeux fermés ? Non, mais ça ne va pas, non ? Tu dérailles, Bébert, tu dérailles sec, il faut te reprendre. Une arnaque, je t’ai dit, une arnaque. La mémère qui tient la boutique, ici, avec ses frangines, elle a une fêlure au ciboulot, quand elle secoue la tête, il y a le vent qui passe. Tu as vu la position du commerce ? On y colle quatre ou cinq gagneuses, c’est à deux pas de la mairie, il y a des maisons de champagne dans tout le quartier : par ici la monnaie. Mais pour ça, il faut avoir un pied dans l’affaire, et pas le plus petit. Alors, quand j’ai vu la rombière au cours de yoga de ma femme, ça a été l’illumination, je me suis dit : « Réfléchis, mon Jiji. Si elle est seulement moitié moins demeurée que ton épouse, ça ne va pas être les grandes manœuvres pour te l’embobiner. Le yoga, c’est pour les gogos, le genre qui cherche un sens à la vie… »
Bernard. –
Le quoi ?
Jean-Claude. –
Le genre qui se tord de tous les côtés, qui se colle des épingles dans la bidoche, qui boit du thé en mangeant du riz. Tu leur montres la lune, ils regardent le doigt, tu vois ce que je veux dire ?
Bernard. –
Oui, oui. Ben oui, hein… Oui, bien sûr. Ha ha !
Jean-Claude. –
Bref. J’ai potassé, je me suis rencardé. Gourou ! Le gourou à sa mémère, j’allais devenir. Tu m’as compris ? Tu me suis ?
Bernard. –
Euh oui. Oui, oui, patron, oui, oui.
Jean-Claude. –
La burqa façon maroilles, les sandalettes, les clochettes, tout ça, c’est un déguisement, Bébert, tu piges ?
Bernard. –
Ah !
Jean-Claude. –
Et ça marche ! Ça marche ! C’est pour ça qu’on est là. Ça fait un mois que je la travaille. Elle est sur le point de refiler toutes les parts de son restaurant au grand Eka Pada Rajakapodasana !
Bernard. –
C’est qui, ça ?
Jean-Claude. –
Mais c’est moi !
Bernard. –
Ah bon ? Ce n’est plus Jiji, patron ?
Jean-Claude. –
Mais c’est un faux nom, bougre d’âne.
Bernard. –
Vous me rassurez, patron, parce que j’aurais eu du mal, hein ? Eka Padak… Euh…
Jean-Claude. –
Elle croit que je suis tibétain, la réincarnation de Bouddha. Enfin, une des réincarnations de Bouddha.
Bernard. –
Ah ?
Jean-Claude. –
Oui. Bon. Alors, écoute. Aujourd’hui, on signe. Elle est mûre à point. Aujourd’hui, elle fait don de ses parts à l’ordre du Bol de Riz.
Bernard. –
Le… ?
Jean-Claude. –
Le Bol de Riz. C’est moi, le Bol de Riz.
Bernard. –
Ah.
Jean-Claude. –
Oui. Bon. Tout ce que tu as à faire, c’est de m’appeler Eka Pada Rajakapodasana…
Bernard. –
Ekapa… Ekapada…
Jean-Claude. –
Bon. Tu ne m’appelles pas. Tu ne dis rien, tu la boucles. Tout ce que tu fais, c’est de garder les sœurs à l’œil. Compris ?
Bernard. –
Oui !
Bon. Allons nous asseoir l’air de rien. Elle m’a donné rendez-vous. Dès qu’elle se montre, je l’entreprends.
Le 17 novembre 2017 à 19 h 30
> Une chance au braquage à la Salle des Fêtes de Monthelon
Le 7 mai 2016 à 18 h 30
Café le Darjeeling à Épernay (51)
Le 28 avril 2016 à 19 h 30
Restaurant "Le 26" à Épernay (51)
Le 22 avril 2016 à 19 h 30
Brasserie de la Vallée à Fontaine-sur-Aÿ (51)
Le 23 mars 2016 à 18 h 30
Au Café du Midi (chez Coco) à Aÿ (51)
Voir aussi : Conte pas là-dessus ∗ La chanson d'Albertine ∗ Polar ∗ Une chance au braquage…