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Le 22 novembre 2012
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Créé en 1993 à l’initiative de Jacques Heydecker, Président du C.É.S.E.R de 1992 à 2007, pour honorer la mémoire de Henri Lagauche et Jean-Michel Gauby, ses deux prédécesseurs, le Prix Gauby-Lagauche est doté de 42 000 € pour récompenser, chaque année, des actions qui contribuent au maintien ou à l’amélioration des conditions de vie en milieu rural.
Il comprend le prix principal, financé par la Région Champagne-Ardenne (15 000 €) et six prix spéciaux d’un montant total de 27 000 € apportés par six organismes partenaires : Caisse d’Épargne Lorraine-Champagne-Ardenne, Caisse des Dépôts et Consignations, Groupe La Poste, Orange, Ville de Reims, SNCF.
D’un montant total de 42 000 €, ce concours est ouvert aux associations, groupements, entreprises ayant leur siège en Champagne-Ardenne ainsi qu’aux collectivités et à leurs établissements.
En 2011, la M.J.C Intercommunale d’Aÿ recevait le prix « France-Télécom Orange » pour le travail sur le territoire mené par la Cie du Diable à 4 Pattes.
C’est tout naturellement que les organisateurs de la cérémonie nous ont demandé d’imaginer et d’interpréter le petit intermède théâtral prenant place entre les discours et la nomination des lauréats.
Les sœurs Lagale sont une petite invention directement inspirée des personnages et des situations de la Commedia dell’arte. Jeanine et Édith sont lavandières et passent leur temps à laver le linge sale des autres en public. Bêtes et méchantes au-delà de tout ce qui est imaginable, en même temps qu’elles frottent les fonds de culotte des uns et des autres, elles parviennent à envenimer les situations les plus ordinaires.
Ainsi, le malheureux membre de jury du prix Gauby-Lagauche 2012 qui cherche la rue du C.É.S.E.R et commet l’imprudence de leur demander son chemin, se voit-il soupçonner tour-à-tour d’homosexualité, de communisme et de terrorisme (pour le sœurs Lagale, c’est tout un), avant de subir une sévère bastonnade à coups de torchons mouillés.
La scène est au lavoir d’un petit village. Deux femmes, Édith et Jeanine, entrent, se saluent et se mettent à battre et frotter leur linge.
Édith. — C’est les culottes à qui que tu laves ?
Jeanine. — À la Micheline.
Édith. — Elle est pas prête d’avoir un gosse, celle-là…
Jeanine. — C’est pas faute d’essayer.
Édith. — Qui ?
Jeanine. — Tous.
Édith. — Ça je sais, mais qui ?
Jeanine. — Tu répéteras pas ?
Édith. — Croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer.
Édith crache dans la bassine.
Jeanine. — Le fils Lapoigne.
Édith. — Oh, la garce !
Jeanine. — Puis avant, c’était l’ouvrier des Villeneuve.
Édith. — Non ?
Jeanine. — Comme je te dis ! Puis avant, c’était le…
Jeanine chuchote.
Édith. — Ben ça, c’est la meilleure ! Y a plus de moralité. Enfin, ça vaut mieux que de… hein ?
Jeanine. — Tu l’as dit !
Édith. — Il paraît que le cadet Villeneuve y est passé…
Jeanine. — En même temps, on trouve ce qu’on cherche.
Édith. — Passe-moi le savon.
Jeanine. — Tiens.
Un temps.
Édith. — Y a pas grand’ monde.
Jeanine. — C’est les vacances. Y sont tous partis.
Édith. — Tu crois qu’ils m’amèneraient les petits enfants pour les vacances ? Tiens, je t’en fiche, oui ! Préfèrent aller à la mer.
Jeanine. — Ça, c’est ta bru. Mauvaise.
Édith. — Je sais, je sais ! Je me prive pas de lui dire d’ailleurs. Tu me connais : franche comme l’or, je suis. Comme ça, je lui dis, moi : « Magalie, t’es mauvaise comme la gale ! »
Jeanine. — T’as raison, faut pas se laisser faire.
Édith. — Et tu crois qu’elle me témoignerait un peu de respect ? Penses-tu ! Rien !
Jeanine. — C’est de la graine de misère, ces filles-là !
Édith. — De mon temps, à sa mère, on y aurait détricoté le polichinelle, je te dis que ça !
Jeanine. — Et on aurait bien fait.
Édith. — Saleté, va ! Quand je pense à tout le mal que je me donne…
Jeanine. — M’en parle pas… Si tu savais…
Édith. — Oh, mais je sais ! Si c’est pas malheureux ! Ma pauvre… Si je serais toi, je lui couperais les choses.
Jeanine. — Et puis ça m’avancerait à quoi ? Allez, c’est pas la peine de pleurer sur son sort… Y en a des plus malheureux.
Édith. — Sûr !
Jeanine. — Passe-moi le savon.
Édith. — Tiens.
Un temps.
Jeanine. — Qu’est-ce qu’il fait chaud !
Édith. — C’est la pollution.
Jeanine. — Rien que le petit Villeneuve, avec sa pétrolette, qu’est-ce qu’il nous enfume !
Édith. — C’est de la vermine, ce gosse.
Jeanine. — Et puis son frère !
Édith. — Valent pas mieux l’un que l’autre !
Jeanine. — De la pure vermine… C’est quoi déjà le proverbe de l’arbre qui pousse pas loin du fruit qui tombe ?