L’histoire

Il s’agit — toujours — de partager une grande histoire. Mais cette fois-ci, Alma, princesse Alma, ne cherche pas l’amour. Il me semble que c’est une belle avancée féministe, l’absence de prince, dans les histoires modernes. Alma trouvera l’amour peut-être, un jour, mais ce n’est pas cela qui la définit, car Alma a le monde à sauver, ou plutôt son royaume. Un royaume gris, terne, maudit, un royaume dont la reine est morte, emportant avec elle toute joie dans le cœur du roi, toute couleur. À tel point que le rire y est inconnu. Alma, qu’on veut marier avec son cousin, s’enfuit, découvre d’autres pays, le cirque, le rire, et revient dans son royaume pour y combattre le désespoir après avoir fait son apprentissage de clown. Au passage, sa méchante marâtre explose de rire (au sens propre) et Alma devient reine. Gageons que son futur prince ne pourra pas se contenter, pour la conquérir, de trouver sa chaussure.

Le décor

Ce geste, vous savez, celui du professeur des écoles qui, ayant fini la lecture de la page, retourne le livre et montre l’illustration aux enfants assis en cercle autour de lui. Il y a un grand livre derrière la comédienne, dont les décors, comme des pages, sont dévoilés un par un. Ce ne sont pas n’importe quelles pages, Comme dans les plus beaux livres, on voit à travers la fenêtre de la chambre la sombre forêt qui sera le décor suivant ; on peut passer par la cheminée ou attraper le bouquet de fleurs posé
dans le vase. Ils sont entièrement réalisés en tissu, car lorsqu’on tisse à partir de ses rêves, on ne veut que les plus belles matières. Et puis l’absence de plastique, l’artisanat, la patience de la confection, ça fait du bien. Le plus grand compliment sur le décor que nous a fait une jeune spectatrice ? Après la représentation, elle a
demandé à la comédienne si elle pouvait, elle aussi, jouer dans la grande maison de poupée.